Risques et transfert de risques dans la filière nucléaire : le marché de l’assurance peut-il jouer un rôle clé dans le soutien des projets à venir ?
Retour sur la conférence nucléaire du 19 octobre 2023
Le 19 octobre dernier, Bessé a réuni 250 professionnels de la filière nucléaire à Paris pour une série de tables rondes inédites sur les conditions de la relance de cette industrie, élément clé de l’économie française et d’un futur décarboné.
Un événement particulièrement attendu qui a permis aux experts - notamment le Délégué Interministériel au Nouveau Nucléaire Joël Barre, le Président du Conseil d’Alfeor Arnaud Montebourg ou encore le Délégué Général du Gifen Olivier Bard d’échanger leurs points de vue sur le renouveau du nucléaire en France.
En introduction de ces échanges riches et transverses, Frédéric Jousse, membre de la direction de Bessé, s’est interrogé sur le rôle des assureurs dans l’effort de relance du nucléaire : comment peuvent-ils devenir un véritable soutien pour accompagner au mieux le (re)développement de cette industrie en France ?
Risques et transfert de risques, le marché de l’assurance peut-il et doit-il jouer un rôle clé dans le soutien et l’accompagnement des nombreux projets à venir ?
Les assureurs ont, encore aujourd’hui, un faible appétit pour la filière nucléaire. Ce manque d’intérêt s’explique par une incompréhension de la part des compagnies, qui manquent d’informations et de scenarii concernant les risques propres aux prestataires de l’industrie nucléaire. Pourtant, ces risques sont tout à fait assurables, mesurés et encadrables contractuellement, avec une sinistralité faible grâce à la multiplication des contrôles de sûreté. Actuellement, seuls 4 assureurs (contre 15 pour une industrie “classique”) sont à l’écoute des besoins des ETI du nucléaire. Dans ce contexte, Bessé accompagne les entreprises de la filière pour les aider à qualifier et quantifier leurs risques, puis définir des garanties spécifiques à leurs activités.
Il est nécessaire d’aider les assureurs à mieux appréhender les activités nucléaires et leurs risques et leurs démontrer en concertation avec les industriels à quel point les installations nucléaires sont particulièrement sûres. Cela passe par la rédaction de notes de synthèses qui présentent les activités des sites concernés, comment les risques sont appréhendés et quels sont les moyens mis en place pour réduire l’impact d’un éventuel incident dès la conception comme en exploitation.
En s’appuyant sur sa formation d’ingénieur spécialisé dans la mise en œuvre de l’énergie nucléaire embarquée et sa carrière dans les forces sous-marines au sein de la marine nationale, Didier Daoulas réalise ce travail d’analyse de risques en s’appuyant sur son expérience et sur des outils de cotation et d’analyse de risques développées et régulièrement mis à jour au sein de Sofimar. Ces outils de cotation sont des matrices utilisées sur les sites pendant les visites de prévention. Elles permettent d’évaluer le niveau de risques sur l’ensemble des domaines techniques, organisationnels et humains et de proposer d’éventuelles solutions de mitigation lorsque cela s’avère nécessaire.
Les questions des participants sur le sujet :
D’après Didier Daoulas, en matière d’assurances, il faudra mobiliser une responsabilité civile spécifique dans le cas où la prestation est intellectuelle et non conceptuelle.
Selon Alexandre Milochevitch, l’état est son propre assureur et EDF appartient à 100% à l’état. Les capacités d’assurances devront être trouvées quoi qu’il arrive, au risque de créer un précédent dangereux pour l’économie française. Ce serait la première fois dans l’histoire que les assureurs boudent une filière d’excellence.
Découvrez la tribune de Frédéric Jousse
"Filière Nucléaire Française : La relance passera par la mobilisation du secteur de l’assurance"
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