Confrontation Etats-Unis / Chine : quels risques pour les sociétés européennes ?
Par François Delteil
Confrontation Etats-Unis / Chine : quels risques pour les sociétés européennes ?
Un récent webinar organisé par AU Group et Allianz Trade a mis en lumière les manifestations de la guerre économique que se livrent les Etats-Unis et la Chine.
Dans un contexte paradoxal de reprise du commerce international, les deux états multiplient les mesures protectionnistes :
- Hausse de tarifs douaniers
- Empêchement d’accès aux technologies de pointe et aux semi-conducteurs
- Interdiction effective ou potentielle d’activités d’entreprises chinoises sur le territoire américain, notamment dans les secteurs stratégiques
- Mesures de rétorsion de la Chine dans l’alimentation, l’automobile et l’aéronautique
- Aides massives à l’industrie
- Accès privilégiés aux matières premières permettant de développer une industrie « verte »
- Contrôle des investissements étrangers
- Fin de l’ouverture des marchés et de la signature d’accords commerciaux
Cette guerre pour le leadership économique a des conséquences directes pour l’Europe qui est amenée à prendre des mesures de protection et d’isolation de son marché envers la Chine soit par décision propre, soit sur pression des Etats-Unis.
Les entreprises européennes qui commercent avec la Chine ou sont implantées dans ce pays peuvent en conséquence subir des risques de mesures de rétorsion ou discriminatoires par la Chine. Ainsi, la Chine interdit son marché aux entreprises étrangères dans des secteurs dits stratégiques comme les télécommunications ou les services Internet, en miroir de mesures prises par les Etats-Unis, puis d’autres pays occidentaux, à son encontre.
Malgré cet environnement de plus en plus conflictuel, les échanges commerciaux restent de première importance – les échanges entre la Chine et les USA ont tangenté les 700 milliards de dollars en 2022, record historique.
La situation pourrait fortement se dégrader dans l’hypothèse d’une invasion de Taïwan par la Chine
Un scénario catastrophe pour tous les analystes, qui est néanmoins déjà pris en compte dans les politiques de souscription des assureurs spécialisés dans les risques politiques qui regardent avec prudence toute nouvelle exposition sur la Chine.
Quelle que soit la réaction militaire des Etats-Unis, le conflit devrait entraîner une batterie de sanctions américaines mais aussi européennes. Si l’on regarde l’exemple de la Russie après l’invasion de l’Ukraine, les sanctions pourraient concerner :
- Tout produit ayant un usage militaire possible.
- Toutes les marchandises chinoises vendues en Occident qui fournissent à Pékin l’essentiel de ses revenus en devises – à l’exception des biens indispensables aux économies de l’OCDE. Des mesures de rétorsion chinoises pourraient en parallèle affaiblir les industries occidentales actives en Chine.
- Le secteur financier chinois.
Même si les sanctions européennes étaient moins larges que les sanctions américaines, les Etats-Unis pourraient appliquer des sanctions extraterritoriales aux entreprises internationales qui continueraient de commercer avec la Chine : pertes de débouchés sur le marché américain, amendes, difficultés d’accès au dollar, coupure avec les banques internationales.
Il est possible d’envisager un élargissement des tensions (et des sanctions possibles) envers des pays - notamment émergents - qui soutiendraient clairement la Chine dans son conflit avec l’Occident, source de pertes potentielles additionnelles pour les économies européennes.
Dans cet environnement instable, quel est le rôle des garanties contre les risques politiques offertes par les agences publiques ou les assureurs privés ?
Elles permettent aux entreprises de se prémunir contre des pertes de marché consécutives à des législations interdisant les transactions avec un pays dénommé, ou dégradant les conditions de son activité dans ledit pays dénommé au point de provoquer une cessation d’activité.